Mouillée jusqu'aux os (PV)

Cela faisait déjà quelques jours que Yohanna avait adhérée à la Confrérie de la Rose Blanche, plus communément appelé la Contre-Guilde. De caractère plutôt renfermé, son visage s'illuminait maintenant d'une lueur de fierté et de suffisance. Elle avait enfin trouvé sa place, aux côté de la confrérie, et, chose certaine, c'est que son avenir ne manquerais pas d'action, bien au contraire. Elle ignorait ce qu'était réellement la Guilde, mais bon, Yohanna savait que son devoir, ainsi que celui de son confrères et consoeurs, était de tenter de la combattre, au nom du Bien. Cette information lui suffisait pleinement.

Cette journée là, les pas de la jeune femme l'avait aventurée au coeur de la forêt de pluie, au Royaume de l'Eau. C'était de loin un de ses endroits préféré. La sensation de goutelettes d'eau éclaboussant chaque centimètre carré de sa peau lui procurait un plaisir bien à elle.

Yohanna marchait donc, s'agripant aux arbres les plus près pour ne pas glisser dans la boue qui s'était formée au sol, cause de la pluie constante. Elle souriait et parfois s'arrêtait un moment et fermait les yeux, savourant pleinement la douce musique produite par l'eau qui tombait sur les feuilles. Son visage ruisselait et dégoutait, la pluie semblait plus forte qu'à l'ordinaire. Parfois aussi, son corps se glissait au travers d'un arbres ou d'un buisson sans qu'elle ne s'en rendre vraiment compte.

Ce moment de nostalgie pris néamoins fin assez brutalement. En ouvrant les yeux, Yohanna apperçu au loin, en sursautant, qu'une ombre s'avançait droit vers elle. Son soulagement pris vite le dessus lorsqu'elle vit qu'il s'agissait en fait d'un membres de la confrérie. Elle prit un air désinvolte et regarda autour d'elle, pour faire comme si elle se demanderais sincèrement ce qui l'avait ammené dans un endroit pareil.

- Tiens, bonjour toi...

Elfie était partie du royaume du feu, il devait y avoir de cela un peu plus d'une heure... En quittant la chaleur étouffante, elle n'avait plus eut qu'une envie: se retrouver envelloper d'un cocon d'eau protecteur et surtout, ne pas rentrer au royaume de la lumière, ne faire face à Luce, fuir le plus longtemps possible...

Assise, les genoux replier contre elle, sous les larges feuilles d'un arbre bas, elle regardait le monde dégouté autour d'elle. Le silence était seul entrecoupé des plics et des plocs, l'humidité fraîche et reposante donnait envie de confier tous ses soucis à la forêt ambiante et de s'endormir pour l'éternité dans cet hâvre de paix...

Elfie se redressa brusquement. Cet endroit était dangereux, elle devait partir, ne plus penser à ça.
Elle remit sa cape beige sur laquelle elle s'était assise et se couvrit la tête du capuchon. Elle aurait voulu devenir invisible et s'assir dans un coin et ne plus bouger, ne plus penser en attendant que la mort vienne la chercher. Ne plus à avoir
à se lever le matin, sourire, mentir et se coucher chaque soir pour recommencer le lendemain.

Elle se mit en marche, d'un pas vif, comme si cela pouvait chasser ses pensées. Elle regardait le sol devant elle, et ne se rendit compte qu'elle n'était plus seule que lorsqu'on la salua...

Elfie se figea, observant sa vis-à-vis. Si il y avait quelqu chose qu'elle détestait, c'était bien la faméliarité. Jeune, blonde... elle mit un instant à la reconnaître: elle était dans la confrérie! Elle retint un soupir. Ne pouvait-elle simplement continuer sa route? Elle devinait qu'elle ne s'en tirerait pas si facilement...

-Bonjour... mademoiselle
Elle insista sur le mot avec une inutile froideur.
-Vous êtes dans la confrérie, n'est-ce-pas? enchaîna-t-elle.

Le ton de la jeune femme surpris un peu Yohanna sur le coup, mais elle n'en fit guère de cas. Elle y était tout simplement habituée. Sa naïveté la poussa à entamer une conversation, malgré le regard insistant de la dénommée Elfie, qu'elle avait entendu le nom lors d'une rencontre avec la contre-guilde. Souriant sans aucune raison apparente, elle lança d'un ton joyeux :

- Oui, et toi aussi. Enfin... Je suis Yohanna et ravie de te rencontrer. Tu avais l'air étrangement perdue dans le plus profond de tes pensées. Quelque chose ne va pas ??

Elle aussi s'était sans doute abandonnée dans ses pensées, mais pour de joyeuses raisons. Elle, en revanche, avait l'air de plutôt essayer de se changer les idées.

Yohanna se balançait d'un pied à l'autre d'un geste nerveux. Peut-être pouvait-elle paraître enfantine, elle s'en fichait. Elle était de merveilleuse humeur et complètement reposée, ce qui ne semblait être le cas de celle qui se tenait debout devant elle d'un air morose. Tant pis, peut-être trouverait-elle une façon de lui remonter le moral ??

Pendant un moment, elle leva les yeux au ciel, admirant le beauté des goutelettes virvoletant d'une feuille à l'autre dans les hauts arbres.

- Elfyora de Helios. Enfin... Elfie.

Elle resta planté là, stupidement, regardant plus ou moins ses pieds. Elle avait déjà oublié la fille devant elle. Ell pensait à Luce... À la chaleur de la lumière comme un petit cocon douillet qui l'envellopait doucement. Elle frissonna. Elle était trempée.
Elle releva brutalement la tête. Que faisait-elle ici? Il y avait une jeune femme devant elle qui la regardait d'un air sincère, un peu naïf. Elle lui avait dit son nom... quoi déjà? Ah oui, Yohanna. Avait-elle eut un air aussi confiant, joyeux, un jour?

- Non. Il n'y a rien qui va.

Elle se laissa lourdement tombé sur une souche tout aussi imprégné d'humidité que le reste. Elle se faisait l'impression d'avoir cent ans. Pourquoi cette madite fatigue ne partait-elle pas? La lassitude envahissait chacun ede ces muscles quand elle pensait au secondes, au jours, aux années encore devant elle. Elle n'avait même plus le courage d'être méprisante. Une mèche plus courte retomba dans son visage mais elle ne fit pas un geste pour la repousser.

Elle leva un peu les yeux. Un instant, le soleil perça la couverture opaque des nuages et un rayon se faufila entre la cime des arbres et fit étinceler les goutellettes comme des diamants. Un arc-en ciel flotta un instant dans l'air brumeux. Le soleil auréolant ses cheveux blonds, Yohnna avait un air pur, comme un ange. Le silence était rythmé par le bruit ténu des gouttes qui éclaboussait tout. Les nuages avalèrent à nouveau le soleil, mais un peu de lumière resta emprisonné dans chaque goutte d'eau, illuminant la forêt.

Yohanna poussa un soupir avant de prendre place au bout opposé de la souche. Elle dégaîna sa dague et l'enfonça à la verticale dans le bois mou et humide. La chaleur commençait à être suffocante.

Perplexe, elle dévisagea Elfie un moment, les yeux ronds. Comment pouvait-on ne pas déborber d'enthousiasme et de sympathie envers tout le monde par une aussi belle journée ? L'avenir leur fesait face. Alors pourquoi perdre son temps à s'apitoyer sur son sort plutôt que de s'aider à le construire ? La fille n'avait pas l'air ouverte à la discussion, ça ne servirais probablement à rien d'insister. Que faire ? Yohanna était habituée de se faire aborder par les gens et non le contraire.

- Euh ...

Elle hésita. Ses cheveux blonds lui tombaient sur la figure et dégoutaient le long de son cou. Un frisson parcouru son corps et elle ajouta :

- Tu dis qu'il n'y a rien qui va, mais je ne te crois pas. Il y a forcément toujours quelque chose de bien autour de nous, c'est aux gens de choisir s'ils désirent le voir ou pas.

Loin d'elle l'idée de faire la morale à son interlocutrice. Elle se devait tout de même de tenter de lui remonter le moral. Comment pouvait-elle continuer à s'amuser et à profiter du beau temps quand elle savais qu'une autre personne semblait à peine remarquer la lumière du jour ?

Un tic nerveux la fit taper du pied. Marre de ses cheveux, Yohanna sortit un vieil élastique de sa poche et les remonta rapidement en chignon.

(bref accès à mon ordi, je dois repartir tout de suite)

-Parfois, on ne peut simplement pas le voir, je crois…

Elfie prenait rarement le temps de réfléchir vraiment, mais là, elle s’arrêta sur les paroles de Yohanna. Que pouvait-il y avoir de bien dans sa vie? Sa déesse, Esteban… deux personnes qu’elle aimait. Mais, à présent, quelque chose était cassé. Peut-être était-ce ce que lui avait fait Ellora qui l’avait brisé en-dedans, peut-être était-ce de savoir pour… pour Léo… Sûrement était-ce les deux, et pleins d’autres petites ou grandes choses qu’elle accumulait depuis trop longtemps, mais à présent, sa peur de les perdre avait pris le pas sur son besoin d’aimer. Tellement qu’elle ne savait plus trop si elle pourrait guérir un jour, et qu’elle était devenue aveugle à toutes ces belles choses dont lui parlait Yohanna. Elle continuait quand même, tant bien que mal, essayant de cacher qu’elle était au bout du rouleau, comme un automate. Depuis longtemps, elle prenait les coups, et les cachait vite, en silence, parce qu’elle avait appris, depuis qu’elle était née, qu’ils étaient l’aveu de sa faiblesse. Et voilà, un jour venait où tout ça débordait. Où ça devait sortir, ou la détruire.
Il y avait longtemps, des années, elle avait cru que ce moment était venu. Lorsque sa mère était morte, que Léo avait disparut, elle avait vraiment pensé avoir atteint sa limite. Elle avait voulu se détruire, faillit le faire mais Luce l’avait empêché et elle avait découvert qu’elle pouvait en prendre encore… Beaucoup…
Mais maintenant, ça y était, non? Elle était pleine, elle n’en pouvait plus. Elle craquait de partout sous son armure. Elle se confiait à la première venue parce qu’elle c’était tellement efforcé de tout cacher, le bien comme le mal, désespérément, depuis des années. Parce qu’elle s’était tellement enlisé dans tous ses secrets que les rares personnes qui comptaient vraiment étaient les dernières à qui elle pouvait se confier …

- De quel royaume es-tu? demanda-t-elle à Yohanna. Elle se raccrochait à la jeune femme comme à une bouée de sauvetage, sa dernière chance. Avec son air angélique un peu ingénu, comme si elle se demandait ce qu’elle faisait sur terre, elle avait l’air d’être du royaume de la lumière… ou de la terre, peut-être... Un royaume sur et réconfortant où l’on croyait encore à l’espoir et ne voyait rien de mal à consoler une fille désespérée qu’on rencontre sur le bord d’un sentier, dans une forêt...
Non, d’aucun royaume, en fait…