Vide (PV)

La montagne solitaire...
Nicko. Son souvenir était partout, dans le ciel gris, la silhouette écrasante de la montagne, les herbes agités par le vent... Mais pourquoi être venu ici? Avais-je vraiment besoin de revoir ce lieu?

J'avais dit à Dana que je partais me promener. Elle avait proposé de m'accompagner, bien sûr, mais je voulais être seule. Je croyais que je ne sentais plus rien, que ce serait pareil cette fois-ci.
Et ça l'avait été.
Je cessai de marcher et fermai les yeux. En me concentrant, je pouvais revoir le visage de Nicko cette journée même, ici. La journée de sa mort. Je revoyais chacun de ses gestes, de ses sourires. Mais je n'arrivais plus à ressentir ce qui m'avait tellement blessé.
Ni l'amour, ni la trahison, ni même la haine.

Je rouvris les yeux et me remit à marcher en regardant mes pieds nus. Le vent agitait ma robe noire, lacée de blanc dans le dos. Il n'y avait plus qu'un grand vide dans moi. Mon coeur était pris dans la glace.

Je continuai à marcher, longtemps, jusqu'à ce que le soleil baisse à l'horizon. Un rayon orangé omba dans l'herbe, sur ma droite, provoquant un éclat qui attira mon regard. Je marchai vers le reflet et mon pied heurta quelque chose de pointu.

Je me penchai. Mon orteil était sérieusement entaillé. La responsable était une vieille lame, rouillée par la pluie et émoussée par les intempérie. Je la ramassai au creux de ma paume.Elle semblait être ici depuis des siècles, mais je savais qu'il n'en était rien. Je l'avais échappé, ici-même, il y avait à peine plus d'un an.

Je restai immobile, longtemps, accroupie devant l'arme. Le soleil acheva de mourir et les étoiles prirent leur place dans le ciel. Le froid se répandit sur la plaine, sans m'atteindre.
Je me levai brusquement. Il y avait quelqu'un devant moi.

Quelques jours seulement après avoir fait la rencontre de Maeve, nombreuses restaient les questions qui tournoyaient sans cesse dans la tête de Noeh. Une histoire de Guilde, de Contre-Guilde, de divers clans, d'une grande guerre, de bien, de mal... Il lui semblait en savoir si peu sur toutes les choses qui se passaient autour de lui. Affreusement déprimé et mélangé, l'elfe vagabondait presque jour et nuit, réussisant que très rarement à trouver le sommeil. Son maître l'avait longtemps prévenu à propos de ce genre de chose, mais il ne comprenait toujours pas ce qui pouvait bien pousser les gens à faire de telles choses. À quoi bon se séparer en groupes pour ensuite se nuire les uns les autres ? Soi tous les habitants d'Arana étaient tous tout simplement stupides, ou encore c'était lui qui l'était.

L'immense montagne qui dominait les terres neutres n'avait rien de très excitant. toujours rien à l'horizon et cet étrange silence qui pesait sur les lieux. Noeh frissona de la tête aux pieds. Sa marche, entre les hautes herbes frémissantes et la pierre grise et froide s'avérait longue et sans aucun intérêt. C'est seulement lorsqu'il apperçue, à la lumière de la lune qui venait tout juste d'apparaître dans le ciel, la silhouette d'une jeune fille recroquevillée sur le sol. L'elfe arriva rapidement à sa hauteur et resta un moment à la contempler. Son teint fantomatique et ses yeux gris terne lui rappelèrent tout de suite quelque chose. Irisae. Ce devait bien être elle, Maeve n'avait pas cessée de lui en parlé. De la manière dont l'autre fille l'avait décrite, il n'avait rien à craindre. Son regard se décrocha de son visage pour aller se poser sur l'arme qu'elle avait en main et son orteil en sang. D'une voix qui trahissait quelque peu l'inquiétude, Noeh lâcha :

- B'jour. Tu... Eh, c'est toute une entaille que tu as là! Laisse-moi t'aider...

L'homme se pencha vers la fille en maudissant les idiots qui laissaient bêtement traîner leurs lames n'importe où. Ne voulant pas la brusquer, il ne fit aucun mouvement. Peut-être était-elle une proche amie de Maeve, son maître lui avait tout de même toujours conseillé de rester vigilant avec n'importe qui...

Un jeune homme me regardait. Il était troublé. Non, finalement, ce n'était pas un homme, mais un elfe. Ç'était même le seul elfe que j'avais amais vu, en dehors de Maeve et moi, qui était mi-démone mi-elfe. Il avait des cheveux noirs, un beau visage, l'air un peu jeune. Son esprit était clair, mais troublé. Je fronçai les sourcils. Il me connaissait? Il connaissait Maeve?

**Non!**

Je reculai vivement d'un pas. Mon orteil saignait à peine. Même si la lame qui m'avait blessé était vieille et rouillées, je ne craignais pas pour ma vie. Je savais que je ne m'en tirerais pas comme ça, tué par une infection ou une bactérie. Ç'aurait été bien trop facile.

** Ce n'est qu'une entaille, il n'y a rien à faire. **

Je voulais partir, maintenant. La compagnie d'un autre humain, "normal", m'oppressait. Que savait-il exactement? Chacun de ses regards me jugeait. Il aurait sufit de tourner les talons, mais je voulais savoir ce qui était arrivé à Maeve. Si elle savaitc ce que j'étais devenue. Qui était-il pour elle? Je voulais l'entendre dire lui-même. Entre ce que les hommes ont dans leurs coeurs et ce qu'ils disent, il y a souvent une grande différence. Ce n'était pas à moi qu'on l'apprenderait.

** Qui es-tu? Tu connais Maeve? **

Je lui parlait mentalement, maintenant une distance de deux pas d'entre nous, méfiante.

Irisae, car c'était bien elle, semblait tout aussi sur ses gardes que l'avait été Maeve. Il la regarda s'éloigner sans un mot et croisa les bras, la mine renfrognée. Décidemment, les endroits où l'on accueillait aimablement les gens se faisaient de plus en plus rares. Noeh poussa un soupir en repensant aux paroles remplie de sens de Maeve, selon lesquelles tout le monde se devait d'être sur ses gardes, tout le temps.

Le fait que Iri lui parle mentalement ne le surpris guère, habitué qu'il était à entendre les longs discours de son maître de cette façon. Il se sentit tout de même stupide lorsqu'il lança à haute voix, sans prendre la peine de se présenter plus convenablement :

- Noeh Kaycey. Et oui, je connais Maeve. Je l'ai rencontré récemment et elle en avait long à dire sur cette Irisae, tu peux me croire.

Il sourit presque imperseptiblement, se balançant d'un pied à l'autre d'un geste las.

- Elle aussi était sur ses gardes lorsqu'on s'est vu pour la première fois.

Noeh sourit et haussa un sourcil mais n'avait pas trop envie d'en raconter davantage au sujet de sa rencontre avec Maeve. La manière que prenait Iri à le regarder était curieuse, comme si elle l'accusait d'une quelconque chose. Il n'avait rien à se reprocher et tanpis si elle continuait à garder ses distance à sa froideur envers lui, car, apparemment, c'était tout simplement devenu une coutume. Ce qui l'agacait au plus au point, sans aucun doute.

Maeve allait bien. Je me sentis soulagé. Ma hantise depuis un an était de tomber sur elle, un jour, au coin d'un sentier. Maintenant qu'elle avait créé la contre-guilde, le risque était encore accru. Il y aurait une confrontation, un jour, bientôt. C'était inévitable. Qu'est-ce qui arriverait, alors? Je ne voulais pas y penser. Je savais juste que j'aurais un choix à faire. Et que, quoi qu'il se passe, ce ne serait jamais le bon. Maeve, Dana. Les deux seuls personnes qui comptaient encore un temps soit peu, qui le rendaient encore un peu humaine.

Je sentis dans sa réponse l'affection qu'il avait pour mon amie. De l'affection, mais de l'amour? Je ne savais pas. Je n'étais pas vraiment une spécialiste en sentiments.
Je vis aussi tout de suite que Maeve ne lui avait pas dit qui j'étais réellement. Pourquoi? Il n'y avait qu'une explication logique: elle ne savait pas. Le soulagement m'envahit. Ça tenait presque du miracle, et elle l'apprendrait sans doute un jour ou l'autre. Mais, pour l'instant elle ne savait pas et 'en étais reconnaissante. Il n'y avait qu'une personne qui aurait pu me faire honte de ce que j'étais devenue et c'était Maeve Vail.

Je ressentis un peu l'agacement de Noeh devant ma froideur. Comme c'était ironique... c'est lui qui aurait du se méfier. Il était bien insouciant... Mais il tenait à Maeve, réellement. J'avais envie de lui montrer un peu ce à quoi il échappait, grace à ma "froideur". Et puis, j'avais peut-être une idée. Si ma demi-soeur était vraiment importante pour lui, il marcherait...

**Maeve ne sait pas tout. En fait, elle en sait même très peu. Tu as peut-être entendu parler de la guilde du faucon noir? Et de ses chefs Danaïde Armandil et... Irisae Ellora?**

Je me concentrai. J'avais déjà utilisé ce genre de méthode avec Mae, lors de notre dernière rencontre, je pouvais le refaire. Sauf que là, je ne cherchais pas à faire passer des sentiments et des souvenirs.

Des hurlements, des crépitements de flammes... Du sang... beaucoup de sang, qui imbibe la terre. Des ordres, secs, lancés. La voix de Dana. L'horrible odeur. La mort. Des corps empilés, des ruines fumantes. Le silence.

La transmission était si puissante que je vacillai un moment en rouvrant les yeux. J'attendais la réaction de Noeh.

(O.O Je suis traumatisée. Mon frère vient de m'apprendre qu'un poulet sans tête a déjà survécu 18 mois)

La Guilde ? Elle était chef de la Guilde ? Cette vérité ébranla Noeh qui n'eut pas le temps d'assimiler complètement la nouvelle avant qu'un nouveau choc le surprenne.

Subitement, une ombre étrange s'installa dans son esprit. Jamais il n'avait ressenti un tel sentiment, de telles pensées. C'était si... noir, si froid. Qu'est ce que c'était ? Noeh tomba à genou. La mort, la mort et ce silence glacial qui l'entourait. Il aurais voulu crier, mais ne réussi qu'à émettre une sorte de gémissement. Quel était ce monde ? Qu'est ce que ça voulait dire ? L'air était si glacé, dépourvu de toute forme de vie, de chaleur. Une simple lueur s'installa dans le vide de son esprit. Du sang qui s'écoulait de nul part, il sentait la douleur, le désespoir, la haine...

Enfin, le phénomène cessa. L'elfe sursauta en s'appercevnt qu'il était maintenant accroupis sur le sol, une sueur froide recouvrant son visage. Tremblant de tous ses membres, il prit quelques minutes à retrouver ses esprits.

Il faisait plus froid que tout à l'heure. La montagne lui parut même plus meurtrière que jamais, et Irisae... Tout cela venait donc d'elle ? Il n'avait jamais vraiment comprit la raison pour laquelle tous ces gens craignaient la guilde et ces gens qui la formaient. Maintenant, il savait, et c'était horrible. Une pensée immergea alors son esprit et il leva difficilement les yeux vers Iri. Lentement, il prononça :

- Si... Si, un jour, tu ose lui faire du mal...

Évidemment, il ne pouvait s'avancer à complèter sa phrase, la menace n'étant pas un point qu'il chérissait, mais il ne put s'empêcher d'imaginer le doux visage de Maeve, tout souriant. Elle qui méprisait infiniement cette guilde, qui fesait tout ce qu'elle pouvait pour tenter d'arrêter cette menace. Elle qui disait ne pas faire confiance à quiconque, voilà qu'une des rares personnes en qui elle pensait pouvoir compter s'avérait être sa pire ennemie, sans toutefois qu'elle le sache. Ses traits se firent vite remplacés par ceux du visage fantômatique, sur la limite de ce qu'on pouvait qualifier d'humain, de Irisae.

(Alegria^^)

Je reculai d'un pas lorsque le jeune homme s'écroula à mes pieds. Je le regardai, sans sourire, sans rire. Qu'il souffre, qu'il apprenne. Tout au plus ressentais-je une sorte de satisfaction diffuse.

L'air était silencieux au-dessus de la montagne. La noirceur avalait le monde. Et soudain, les nuages se déchirèrent et un rayon de lune vint éclairer la plaine. J'attendais immobile. Mon regard soutinait celui de Noeh. Ses paroles résonnèrent à mes oreilles comme ses pensées résonnaient dans mon esprit, comme des papillons affolés qui s'égayaient.

Les nuages continuaient de se fendre, de s'éloigner porter par un léger souffle de vent, nous révélant les étoiles. Je me penchai vers lui et lui tendit la main. Brusquement, je le tirai vers moi pour l'aider à se relever. Son visage était à quelques centimètres du mien.

** Est-ce que tu crois que je l'aime moins que toi? Noeh, Noeh... Tu ne sais rien! Rien!**

Je le blessais délibérément. Chacun de mes mots devaient s'enfoncer dans son crâne comme une la me glacée.
Que croyait-il? Toutes ces idées toutes faites, toujours les mêmes... comme si Maeve lui appartenait, comme si celui qui faisait, maladroitement, ce qui lui semblait juste ou bien détenait la vérité... Comme si son chemin serait moins parsemé de douleurs que le mien sous prétexte que c'était celui de la lumière... come s'il ne le mènerait pas exactement au même endroit, à la mort, finalement.

** C'est toi qui la blessera, Noeh, toi, en lui apprenant que sa demi-soeur est la chef de la guilde qu'elle consacre sa vie à enrayer.
Crois-moi, la vérité blesse bien plus que bien des mensonges.**

Je le repoussai, m'éloignant de quelques pas. Je voyais le visage de Maeve, auréolé de cheveux mauves. Elle devait avoir changé, bien sûr, je ne pouvais pas le savoir. Avec de la chance, je ne le saurais jamais. Mais la chance était résevée ux gentils, bien sûr, comme la victoire. Un jour je reverrais son visage et je souffrais chaque jour en pensant à cet instant. Je ne voulais pas que Maeve souffre autant. Mais cela appartenait à Noeh, maintenant.

Noeh recula lui aussi de quelques pas, voulant laisser la plus grande distance entre elle et lui. Ses paroles eurent, comme elle l'avait sûrement espérée, l'effet d'une douche glacée pour le jeune homme.

Toute sa vie, il avait cru en ses propres valeur, à sa sagesse, celle que lui avait si bien transmise son maître. Mais voilà de cela quelques jours, ses idées quelques peu préfaites avaient été détruites par les déclarations de Maeve.

Maintenant, tout recommencait avec Iri. Bien sûr, elles en connaissaient beaucoup plus sur la vie que lui-mêmeé. Aussi se sentait-il si vulgairement insouciant, tel un enfant qui entrerait pour la première fois à la garderie.

Oui, c'était bien vrai, il ne connaissait rien sur rien. Rien du tout. L'insouciance même !! Mais il pouvait toujours essayer de comprendre ...

- Ai la conscience tranquille, ce ne sera certainement pas moi qui ira le lui annoncer.

Il n'était pas cinglé. Pourquoi brusquer ainsi les choses ? Ce n'est pas comme si Maeve ne serais jamais au courant. Oh non, elle finirais bien par l'apprendre elle-même. D'ailleurs, rien ne l'empêchait de forcer quelque peu les choses, juste pour voir ...

Noeh tourna le dos à Iri et contempla le paysage. Les bras croisé, il releva le menton. La vue n'avait vraiment rien d'époustouflant, mais il ne souhaitait pas continuer à la regarder dans les yeux. Pour la première fois de sa vie, il sentit un drôle de sentiment naître en lui. En y pensant bien, il ne connaissait pas Iri, son passé et ses ambitions. Mais s'il était sur d'une chose, c'est qu'il ne l'Estimait pas beaucoup pour le moment.

- Alors, autre chose ?

Le vent glacial balayait la plaine. Les étoiles scintillaient durement, là-haut. Elles aussi elle nous jugeaient, sans doute… Elles nous voyaient nous débattre, nous engluer dans notre douleur, nos grandes idées fragiles comme le cristal. Elle nous voyait trébucher sans cesse sur le chemin de la vie, prendre la mauvaise voie à chaque carrefour. Elle ne comprenait pas, n’essayaient même pas, elles semblaient nous mépriser. Elles brillaient toujours sans faillir chaque nuit. Que nous étions petits, laids… En dessous même de toute pitié… Elles devaient sans doute se demander pourquoi toutes ces viles créatures s’obstinaient stupidement à continuer…
Pourquoi?

Je m’approchai un peu de Noeh, qui me tournait le dos. Ses illusions, ses beaux principes étaient détruits. Il faudrait tout reconstruire, pour être détruit à nouveau, un jour, et repartir, une nouvelle fois, à zéro… Et ainsi, jusqu’à ce que le corps soit trop vieux, l’esprit trop faible… Quel horrible destin, qui nous attendait tous.

** « Tout est soit noir, soit blanc, dans la vie. Il n’y a pas de zone grise. Le choix n’est-il pas facile entre la vie et la mort? »

Peut-être avais-tu déjà entendu cette citation. J’espère que tu as compris maintenant qu’elle est fausse. Fais attention à Maeve. Aime-la du mieux que tu peux. Et ne baisse jamais les bras. **

* Non, ne jamais baisser les bras… Ne serait-ce que pour emmerder les étoiles. *

Je restais silencieuse un long moment. La température chutait encore. Le vent amenait vers nous de lourds nuages noirs qui s’accrochaient au sommet de la montagne solitaire…

** Tu ferais mieux d’y aller. Il fait froid.**

Noeh resta figé là, n'écoutant Irisae qu'à moitié. Maintenant, il n'avait plus qu'une envie : être seul. Seul avec lui-même, ses pensées, son passé. Son passé. Ce qu'il aurait aimé y revenir. Au temps où tout était si merveilleusement simple, où les problèmes n'existaient pas réellement. Dans ces moments si lointains où l'on pouvait penser ce qu'on voulait sans être jugé, sans se faire pointer du doigts.

Noeh se retourna et le visage d'Iri lui fit faire un brusque retour à la réalité. Pas la peine de se donner l'impression d'être tout aussi léger qu'avant leur rencontre, elle saurait le démentir. La mine sombre, il murmura :

- Le froid ne serait qu'une lamentable excuse pour mettre fin à cette conversation. Mais de toute manière, je ne m'en préoccupe guère.

Le jeune elfe courba très légèrement le dos dans un semblant de politesse et lui adressa ces derniers mots :

- Il ne faut pas s'en faire pour Maeve, car pour aussi longtemps que je vivrai elle sera en sécurité. Bonsoir.

Sur ce il lui tourna le dos à nouveau et s'éloigna. Peu à peu, la sombre montagne disparaissait derrière lui, enfin. Mais, même après avoir quitté ce lieu funeste, l'esprit de Noeh y demeurait coincé, tout aussi sombre et ravagé, incapable de s'en éloigner. Si au moins il pourrait tout recommencé. Du moment où il avait quitté cette forêt, son maître, son enfance.

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