Là où Maya mourut...

Du haut de la colline, je regardais le petit village brûler. En bas, mes guerriers étaient à l’œuvre, tandis que je me contentais d’exercer une surveillance mentale, au cas où quelque chose tournerait mal. Pour l’instant tout allait bien. Les villageois avaient étés trop terrifiés et pris au dépourvu pour se défendre efficacement. Une vingtaine avait réussi à fuir le massacre, sur lequel j’avais eut le temps d’abattre à distance une dizaine. Les autres étaient dans les ruines incendiés de leur village, défendaient leur vie avec l’énergie du dernier désespoir. Les hurlements, les supplications et les appels trouaient l’air du crépuscule.

Soudain, un long cri enfantin s’éleva. Je me crispai. Le son était insoutenable et comme une pierre dans un lac, soulevait en moi une multitude de sentiments et de souvenirs. Je cherchai mentalement l’esprit terrifié du gamin, et le fit taire définitivement tel un souffle glacé qui mouche la flamme d’une bougie. Le cri mourut dans une plainte et un hurlement de douleur et de désespoir se fit entendre non loin de là. La mère? Écœurée, je me détournai lorsque j’entendis des pas très légers, furtifs, derrière moi. Ambre… il n’y avait qu’elle qui marchait de cette manière. Je me retournai sèchement pour voir ce qu’elle voulait. Elle avait attrapé une jeune femme qui se débattait en hurlant. Je reconnus la voix qui venait de hurler.

D’un air suppliant, le visage aux grands yeux violets se tourna vers moi. Je me sentis faiblir.
Maya.

(est-ce que Ambre doit répondre ???)

oui^^

Ambre tenait Maya fermemant par les bras. Étonnament, Lorsqu'elle l'avait attrapé, la fille avait tout de suite demandé qu'on l'ammène aux chefs : Iri et Dana. Ambre aurait bien put lui rire en pleine face et lui tranché la gorge, mais, puisqu'elle se sentait généreuse cette journée là, elle décida d'offrir un meurtre de plus à Irisae.

Ambre, d'une main experte, avait solidement empoigné les bras de la femme et l'avait trainé vers ses suppérieurs. La jeuene femme hurlait sans cesse comme une istérique. Mais Ambre trouvait ça normal, puisqu'elle était une Lycan et que la femme voyait tout son village se faire attaqué par une bande de méchant pas trop gentil. C'est lorsqu'elle vit le regard que s'échangait les deux filles, qu'Ambre comprit que Maya connaissait Iri. C'est la qu'elle sentit le dangé.

- Ellora, tu veux que je la tue ??? Ou tu préfère le faire toi même ???

Elle attendit sa réponse télépathique en serrant un peu plus les bras de Maya, ce qui lui arracha un hurlement de douleur.

Lorsque les guerriers étaient arrivés, elle dormait. Les cris l'avait réveillée.Elle n'avait eu qu'à jeter un coup d'oeil par sa fenêtre pour comprendre l'étendue de l'horreur de la situation. Elle avait beaucoup entendu parler de la guilde du faucon noir. Les gens en avaient peur et elle avait même déjà croisé des rescapés qui leur avaient échappés par miracle. Maintenant, ils étaient là.

Maya se précipita hors de sa chambre, puis de sa maison. Depuis des années, elle vivait dans ce village. Elle connaissait tous ses habitants et elle pouvait identifier les voix de ceux qui se faisaient égorger. Dehors, le spectacle était apocalyptique. Plusieurs guerriers mettaient le feu aux maisons, et la fumée montait déjà bien haut dans le ciel. La terre battue de la rue était gorgée de sang et les crépitements de l'incendie ne parvenaient pas à couvrir le bruit des gémissement et des cris d'horreur et de souffrance. Maya se tourna vers la maison d'en face. Une guerrière Lycan, avait attrappée sa voisine qui hurlait à mort en tentant de se dégager. Avec horreur ele vit deux jeunes cadavres d'enfants aux pieds de la femme. Le seul survivant de la famille, Tim, le plus jeune des enfants, pleurait en apelant sa mère. Maya se précipita de l'autre côté de larue, au moment où la lycan tuait la femme d'un coup de griffe en plein coeur.

Elle savait que ces guerriers étaient sans pitié. La lycan ne s'arrêterait qu'après avoir éliminé la famille au complet. Tim serait sa prochaine victime. Elle ne devait pas la laisser faire.

En voyant sa mère s'effondrer sa mère dans la boue, le petit garçon poussa un long hurlement perçant, intolérable. La lycan se tourna vers lui avec un air agacé, mais Maya se précipita et s'interposa, poussant rapidement Tim de côté pour lui éviter le coup de griffe que décocha la lycan. La jeune femme se préparait à faire appel à ses pouvoirs, quand elle se figea. Un long souffle glacé l'avait effleuré. Une odeur persistante de mort, froide, flottait dans l'air. En une seconde, elle reconnut cet esprit et comprit qu'il venait d'emporter la vie de Tim. Un hurlement de douleur s'échapa de ses lèvres. La lycan l'attrappa par le bras. Mais Maya ne pensait qu'une chose: le massacre continuait et elle ne pouvait rien y faire. Maintenant, elle voyait sa mort qui venait dans les yeux de lune de cette lycan.

- Amenez-moi à votre chef, demanda-t-elle, vite.

Elle ne s'était pas trompé. Malgré les années passés, elle reconnut aussitôt le visage encadré de mèches argentées d'Irisae. Elle avait grandi et vieillit, mais un détail la frapa: ses yeux bleus avaient virés au gris. Un gris dense, opaque, dur et froid comme la pierre.

- Irisae... soufla-t-elle. Je me souviens de toi... Toi et Maeve. Mais qu'est-ce que tu es devenue? Tu es la digne fille d'Isidore, en effet...

En parlant, doucement, elle fixait les yeux de pierre, attendant d'y voir passer l'ombre d'un doute.

Maya avait à peine vieillit, me semblait-il. Ses grands yeux violets étaient toujours aussi troublants. Je maudis le destin qui s'efforçait de me remettre toujours le nez dans mon passé. J'avais beau courir, il était toujours sur mes talons. Je ne pouvais pas l'éviter, celui-là. Il fallait choisir.

Je regardai Ambre, qui m'observait d'un air méfiant. Elle doutait de moi, elle me testait. Non loin de là, Danaïde observait la scène. Elle, elle ne doutait pas. Et c'était encore pire.

Je le vis dans tous ces yeux levé vers moi, Maya allait mourir. Il y avait un lien bien spéciale entre cette femme et moi. Elle avait tué mon père, j'avais suivi pratiquement son parcours. Seulement, je n'avais pas eut d'enfant.
Je connaissais Ambre. Si elle se proposait pour tuer Maya, elle connaîtrait la pire des morts, après des heures de souffrance. Dans ses yeux violets, je vis qu'elle aussi l'avait compris.

Lorsqu'elle parla, ses mots me frappèrent. Avait-elle raison? Avais-je vraiment suivi le chemin de mon père? Je restai figé, indécise. Non. Bien sûr que non, j'en étais sûr. J'avais pris ma décision.

**Tu te trompes, Maya. mon père était un lâche. C'est ton chemin que j'ai suivi. Mais j'ai choisi le mal. À jamais.**

D'un geste fluide, je dégainnai ma dague de cristal. La vie de Maya coula à mes pieds et son sang nourrit la terre.
Elle n'avait pas souffert. J'allais exaucer son dernier voeux, et elle ne serait pas morte en vain.

**C'est bon, Ambre, je m'en suis chargée. Fait rassembler les guerriers, on part. Plus de sang.**

Lorsque Ambre fut partie, je retai debout devant la dépouille de Maya. Voilà, j'avais fait ce que j'avais pu pour elle. Y aurait-il des gens pour la pleurer? Sans doute. À ma mort, qui me pleurerais? Personne. Pas même Danaïde, qui garderait les yeux secs.

*C'est ça le mal, Maya. On fait pleurai de notre vivant, ce que personne ne pleurera pour nous à notre mort.*

Je me détournai et m'éloignai sous le ciel gris opaque.

Kanaël entra dans le village en flammes, regardant autour de lui sans vouloir vraiment croire ses propres yeux, alors qu'il découvrait les maisons détruites, les cadavres jonchant les rues et, ici et là, les derniers membres de la guilde qui s'étaient attardés pour mater les quelques résistants qui se faisaient de moins en moins nombreux au fur et à mesure que les minutes passaient.

Tout avait commencé une petite demi-heure plus tôt. Le dieu de la Terre rentrait du royaume de l'eau où il était allé se promener, pensant peut-être croiser Anna et lui demander son point de vue sur la guilde. Il n'avait pas voulu aller au paradis ni dans le villages de la déesse, craignant de trop s'éloigner du sien. Il espérait que sa réputation de Peace&Love servirait au moins à épargner son royaume au minimum jusqu'à la réunion prévue entre les dieux. Il n'avait pas vu la jeune femme. Il était retourné dans le village au pied de la montagne, voulant chercher conseil auprès de Maya, faute de pouvoir en parler avec un dieu.

En chemin, un horrible sensation lui souleva l'estomac. Une angoisse terrible mêlée d'horreur s'empara de lui, et il parcouru la distance qui le séparait encore de la montagne aussi rapidement que possible. Quelque chose d'atroce se produisait, dans son village ! Il devait se dépêcher ! Plus vite, plus vite ! PLUS VITE ! Il courait, sans tenir compte du point de côté qui lui transperçait les poumons. Il ne se rappelait pas avoir déjà connu un tel sentiment d'urgence. Il devait à tout prix arriver au village. Le plus vite possible. Il aurait déjà dû y être ! Si seulement il avait pu se téléporter ... Si seulement il avait eu ce pouvoir ! Ou alors, si seulement il n'était pas parti ! Il ne supportait pas l'idée de deviner qu'il se passait quelque chose sans pouvoir savoir exactement quoi, et surtout sans être sur place pour agir ! Il voyait le paysage défiler à mesure qu'il avançait, mais il n'en était pas totalement conscient, son esprit entièrement tendu, fixé sur une seule chose, un seul objectif : son village. Il essayait de garder un dernier petit espoir : peut-être que les habitants avaient réussi à s'enfuir, et si tous n'avaient pas pu, qu'au moins la majorité ait pu s'échapper.

Cette dernière lueur d'espoir fut radicalement anéantie lorsqu'il arriva en vue des habitations. Ou de ce qu'il en restait. Tout ce qu'il voyait n'était plus que ruines enflammées et cris de douleur horrifiée. Il s'avançait dans les rues dévastées, n'arrivant pas à en croire ses yeux. Alors c'était cela, la guilde ? Il en étaient à ce niveau ? Tombés aussi bas dans la cruauté et l'atrocité ? S'il avait su ... si les informations qu'il avait eu avait été plus précises ... Il aurait peut-être pu faire quelque chose, au moins préparer les villageois. Une chose était sûre : s'il avait su jusqu'où les hommes de la guilde étaient prêts à aller, il n'aurait plus quitté son village jusqu'à la réunion des dieux.

Il entrevit un grand blond qui relâchait le corps d'une fillette qui s'affala sur le sol comme une vulgaire poupée de chiffon. Kanaël le regarda une seconde avant que la colère ne fasse réellement surface. Une colère dirigée contre cet homme qui n'avait aucune pitié pour la vie d'une simple enfant, contre la guilde qui l'avait amené ici et dont tous les membres étaient aussi cruels, et aussi contre lui qui n'avait pas su arriver à temps pour protéger ceux qui étaient sous sa responsabilité. Il s'apprêta à punir le meurtrier, à le tuer pour ce qu'il avait fait, mais apparemment le blond l'avait vu et disparut à travers les ruines et la fumée en un rien de temps. Frustré, le dieu de la Terre se n'attarda pas près du cadavre de la petite fille. Il continua d'avancer assez rapidement à travers les rues, passa devant les corps du petit garçon et de sa mère qui s'était faite tuer par la lycanthrope et qui gisaient sur le sol baignant de sang. Il s'arrêta près d'un homme qui ne semblait que blessé et qui arriva à lui parler pour lui révéler que la chef de la guilde se trouvait sur une colline juste en face et qu'on lui avait amené une prisonnière qui n'allait sûrement pas le rester longtemps. Sans comprendre pourquoi, Kanaël fut envahi par une angoisse terrible, qui obnubila presque totalement la colère qu'il ressentait. Étrange, il y avait des dizaines de femmes dans ce village, alors pourquoi avait-il si peur ? Parce qu'il sentait une vague impression de déjà-vu ? Mais non. Cela ne s'était pas passé ainsi. Non. À l'époque, il ne s'était douté de rien. Et il s'en était énormément voulu pour cela. Mais là ... C'était différent, la peur panique qui lui serrait les entrailles, il ne savait pas pourquoi elle était là et s'infiltrait en lui comme un insidieux serpent. Il ne lui traversa pas l'esprit, du moins pas consciemment, que la mystérieuse prisonnière puisse être Maya. Après tout, elle n'était pas souvent là, le sort ne pouvait pas s'acharner sur lui à ce point, ce n'était pas possible !

Pourtant, il se mit à courir. Avec un peu de chance, peut-être pourrait-il la sauver, ou au moins arriver assez tôt pour s'excuser auprès cette inconnue de n'avoir pas pu la sauver, d'être arrivé trop tard pour protéger son village, d'avoir faillit en n'ayant pas sur tenir hors de danger ceux qui étaient sous sa responsabilité.

Rapidement, il arriva en vue du point de rendez-vous de la guilde, juste à temps pour voir une fille à la chevelure de neige s'éloigner en laissant derrière elle un corps le dieu de la Terre ne pouvait voir que les longs cheveux châtains. Un seul mot lui échappa, comme un appel :

« Maya ! »

Il accéléra. Il voulait voir le plus vite possible que ce n'était pas elle, qu'il avait été idiot de pouvoir ne serait-ce que penser que sa meilleure amie était morte. Oui, c'était absurde, elle qui partait si souvent, qui passait tant de temps à voyager, elle ne se trouvait pas ici, lorsque la guilde avait attaqué, elle était en sécurité dans un autre royaume, ou même dans celui de la Terre, mais pas dans le village.

Pourtant, quand il fut au-dessus du corps, il ne pu que se rendre à la douloureuse évidence que c'était bien Maya qui était allongée à ses pieds, baignant dans son sang. Il tomba à genoux, des larmes roulant sur ses joues.

« Maya ! »

Sa voix était à peine plus qu'un souffle. Pas possible ! Ce n'était pas possible ! Non, c'était un cauchemar, tout cela ne pouvait pas être réel, il allait se réveiller, La trouver dans ses bras, et tout ce qui s'était passé ne serait qu'un mauvais souvenir, bientôt effacé !

« MAYAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !!! »

Mais qu'avait-il fait au destin pour mériter cela ?! C'était injuste, le sort ne pouvait pas s'acharner sur lui à ce point.
Il prit le corps de la jeune femme dans ses bras, mais au-delà du chagrin, il y avait la colère. Contre celle qui avait osé tuer Maya, contre la guilde tout entière qui ne pensait qu'à tuer mais surtout contre lui-même. Il avait été incapable de protéger son village, incapable de sauver sa meilleure amie ... tout comme il avait été incapable de La sauver, Elle. Toutes celles à qui il tenait vraiment étaient mortes, il n'avait rien pu faire pour elles.

« AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHH !! »

Il céda au chagrin et à la colère. Profitant de la faille, ses pouvoirs l'envahirent d'un seul coup, le submergeant complètement. Une fissure se forma près de lui et fendit le sol jusqu'au coeur du village, provoquant un tremblement de terre qui secoua les ruines du village et qui s'amplifiait petit à petit. D'autres failles se creusèrent un peu partout. Kanaël ne contrôlait plus rien, mais peu lui importait. La terre qui s'ouvrait autour de lui ressentait la même douleur, elle traduisait sa tristesse,

Il faisait beau.

Luce s'était levée au point du jour, mais elle avait mal dormi dans sa petite retraire de la colline de lumière. Elle était angoissé, comme ils l'étaient tous en ce moment. Pourquoi ? La guilde évidemment ! Elfie lui en avait parlé et elle semblait bien informée sur le sujet pour avoir capturer un de leur membre. Et la déesse n'avait pas du tout été rassurée par ses propos. La guerre, la souffrance, la mort, à nouveau, encore et toujours. Des pleurs, de la douleur, des âmes déchirées. Pourquoi le monde allait-il toujours ainsi ? Pourquoi la folie des hommes la rattrapait toujours, où qu'elle aille ? Même si elle avait cessé de fuir à présent. Elle assumait. Tout : son passé, son coeur morcelé, ses responsabilités. Mais les jours comme aujourd'hui, où le soleil brillait si haut dans le ciel toujours bleu de son Royaume, elle se sentait envahie par cet étrange sentiment d'être totalement paralysée, impuissante. Elle détestait cela. A quoi cela lui servait-il d'être revenue dans ce qu'on pourrait appeler le « droit chemin » si cela ne changeait finalement rien ?

Mais la Guilde ne s'était pas encore manifestée. Un ou deux combats isolés tout au plus, mais pas de massacre. Peut-être les avaient-on surestimés ? Ils n'étaient peut-être pas une si grande menace après tout ? Peut-être que la paix et la douceur de vivre pourraient continuer... Même si elle essayait de s'en persuader, elle n'y croyait pas. Depuis toute petite elle avait été prise dans le torrent impitoyable du destin : la mort de sa mère, Léo... Et quand elle se débattait pour remonter le courant, s'était pire. C'était injuste. Mais c'était la vie. Elle était sans doute condamnée à seulement essayer de garder la tête hors de l'eau. Enfin, ce n'était pas non plus dans son caractère de se laisser abattre. Elle voulait juste se reposer, déposer les armes, juste aujourd'hui. Rien qu'un jour où le Destin lui ferait grâce d'un peu de répit....

Sauf que le Destin est toujours cruel et frappe toujours au plus mauvais moment. Luce allait l'apprendre bientôt... Aux dépends de son meilleur ami, Kanaël. Lui non plus il n'avait pas été épargné par la vie. Pourquoi eux ? Eternelle question, éternellement sans réponse... Elle s'était donc assise dans le salon, ouvrant la large baie vitrée pour laisser entrer un peu d'air. La déesse restait assise ainsi, pendant des heures, se laissant aller à ses tristes pensées. Elle flottait, à mi-chemin entre le réel et l'onirique. Le temps filait et elle le regardait passer. Juste une journée, ne plus faire partie du monde qui s'acharnait à la faire souffrir...

Douleur.

Le seul mot qui lui vint d'abord à l'esprit. Mal ! Souffrance ! Chaque partie, chaque organe, chaque cellule de son corps sembla pousser un cri à l'unisson. Elle tomba en avant, pliée en deux par la douleur. Elle croyait mourir. Que lui arrivait-il ?

Irisae.

Elle ne la vit pas vraiment, elle la sentit plutôt. Et sa cicatrice à l'épaule, laissée il y a déjà quelque temps par la jeune fille en souvenir d'un combat, l'élançait violemment, la brûlant, comme si les flammes de la haine en personne lui léchait directement la peau.

* J'ai mal !*

Un horrible pressentiment. Il se passait quelque chose. Elle se leva d'un coup et partit en courant, droit devant elle. Pourquoi cette direction plutôt qu'une autre ? Elle le savait très bien au fond, même si elle souhaitait plus que tout au monde s'être trompée. Une erreur, oui, une grossière erreur. Et quand elle lui raconterait cela, il en rirait comme il le faisait si souvent, et elle ferait semblant d'être vexée. Puis cela resterait une plaisanterie parmi dans d'autres... Cela ne pouvait être autrement. Mais elle courrait toujours, sans dévier de sa route.

En chemin elle était passée devant son écurie et avait sauté sur un grand cheval alezan. Et elle galopait, la tête dans l'encolure de l'animal, cheveux aux vent. Mais elle était loin de profiter de cette petite ballade. Tout son esprit était tendu vers une chose, un lieu, une personne. Plus vite ! Qu'elle voit de ses propres yeux qu'elle avait tout imaginé, que ce cauchemar n'était en fait qu'une vague chimère, un cauchemar vite oublié !

Et elle le vit.

Le village... Ou plutôt ce qu'il en restait. Un tas de cendres, de sang et de cadavres. Une immonde odeur de chair calcinée flottait dans l'air, se mélangeant à celle, plus odieuse encore, de la mort. Elle descendit de sa monture s'en vraiment s'en rendre compte et l'attacha à un arbre comme un automate. Elle ne sentait plus rien, complètement anéantie par ce spectacle d'apocalypse. C'était cela, la Guilde ? Elle vomit, son estomac retourné par cet horrible vision. Elle s'avança comme une ombre parmi les ombres au hasard de ce qui avait été ces ruelles si joyeuses, animées et pleines de vie à peine quelques jours auparavant, la dernière fois qu'elle était venue rendre visite à Kanaël. Au milieu des décombres, elle reconnut l'enseigne de la taverne où ils s'étaient rendus. Elle était tâchée de sang et de cervelle. Mais cette fois, Luce n'avait plus rien à vomir. Ses larmes ne coulaient même pas, elle était trop choquée pour être triste...

Mais pourquoi ? Pourquoi ? POURQUOI ?

Cette question qui tournait inlassablement dans sa tête allait la rendre folle. Une litanie de souffrance et de douleur pure. Pourquoi la vie était-elle si injuste ? Qu'avait fait Kanaël pour mériter cela ? Elle ne voyait plus les cadavres, plus le sang, plus les cendres. Juste une grande tâche rouge et noir, sale et immonde. La mort. Tout n'était plus que mort. Et elle, vivante au milieu des fantômes.

Un cri lui vrilla les tympans, et elle sentit le sol trembler. Kanaël ! Il devait être ici ! Elle reconnaîtrait sa voix entre mille. Elle ne pouvait plus s'apitoyer sur sa faiblesse, ni sur ces morts. Il restait encore quelqu'un de vivant qui avait besoin d'aide, tout de suite ! Vacillant sur ses jambes à cause des séismes créés par la dieu de la Terre, elle s'avança en s'appuyant sur ce qui restait de mur. Elle l'aperçut finalement là-haut, sur une petite colline complètement gorgée de sang elle aussi. Elle se courut aussi vite que ses pauvres jambes lui permettait encore. Une faille, deux failles, de multiples failles se créaient tout autour de lui, fissurant la terre et le coeur de Luce. Et elle vit la raison de son désespoir : Maya, morte, dans ses bras.

Non ! Non ! NON !!!!!!!!

Ce n'était pas possible. Inimaginable. Non, enfin non ! Elle refusait tout cela en bloc. C'était trop. Impossible. Invivable... Un nouveau tremblement la rappela sur terre. Si, tout cela était bien réel, un cauchemar trop horrible pour pouvoir s'en réveiller. Mais il fallait faire face. Maintenir la tête hors de l'eau. Elle ne pouvait pas être faible, pas maintenant ! Kanaël avait besoin d'elle, et elle l'aiderait, peut importe ce que cela lui coûterait.

Elle se précipita vers lui, ses larmes coulant enfin d'admettre la réalité. Il n'avait toujours pas lâché le cadavre de Maya et il avait les bras pleins de son sang. Mais il en fallait plus pour rebuter Luce à présent qu'elle était déterminée. Elle prit son ami dans ses bras à son tour, le serrant fort contre son corps. Elle ne le laisserait pas partir, lui ! Elle ne ferait pas deux fois la même erreur. Elle le serra encore un peu plus fort. Non, il ne s'en irait pas, et tant pis si le Destin n'était pas d'accord !

« Kanaël ! C'est moi Luce ! Je t'en pris, ne t'en va pas aussi. Je suis là. Je serais toujours là...Reste pour moi ! »

Leurs larmes se mêlaient, tous les deux, seuls, à demi morts de douleur et d'effroi, au milieu de ce carnage. Et pourtant, ils devaient vivre. Ils étaient dieux, ils devaient se battre. Mais comment faire quand on est pas un héros ? Comment continuer à tenir debout malgré tout ? La volonté, l'espoir, les convictions ? Luce ne savait pas. Personne ne savait pourquoi votre coeur continue à battre dans ces moments là, alors que vous voudriez mourir, mourir pour disparaître et oublier à jamais. Peut-être est-ce cela la vie, de continuer à être ballotté, transporté, heurter et blesser par son courant jusqu'à ce que le fleuve décide de vous rejeter sur la berge...

Il pleuvait des larmes de douleur, de désespoir et de rage.

[le plus long message de ma vie je crois... Esprit total open ce soir !]

Blanc. Vide. Douleur. Une douleur blanche, lancinante, qui vrillait la tête de Kanaël. Non … Non ! Il ne pouvait pas y croire ! Il ne voulait pas y croire … C’était impossible, trop dur à accepter … Cela ne pouvait pas être la réalité … Qu’avaient-ils donc fait, Maya, Elle, Luce, lui … Qu’avaient-ils donc fait pour mériter cela ? Pourquoi le Destin s’acharnait-il à ce point sur eux, alors qu’il en laissait d’autres intouchés ?
Mais non … Même du fond de son désespoir, il ne se laissait pas le droit de blâmer ceux qui vivaient heureux. Eux non plus ne l’avaient pas choisi. Eux non plus n’avaient jamais rien demandé à personne. Mais alors qui ? Qui osait ainsi jouer avec la vie des gens, s’amusant de leur détresse ?! Personne. Et là était bien la difficulté. Comment pouvait-on souffrir à ce point en ayant Personne à accuser ? A cette question-là non plus, il n’y avait pas de réponse. Il suffisait de survivre, d’essayer de se battre. Mais était-il vraiment possible de se relever lorsque c’était le Sort qui vous rouait de coups ?

Dans cet univers blanc éclatant, lancinant, il ne voyait plus que le corps de Maya, qu’il serrait toujours dans ses bras. Il n’avait plus la force de se relever et de se battre il allait rester là, à genoux dans la boue sanglante, sans lâcher la jeune femme. Il avait peur de la lâcher. Comme si son souvenir allait s’envoler au moment où il perdrait le contact. Il se souvenait parfaitement de cette douleur, il avait l’impression que ce cauchemar recommençait. Sauf que cette fois, cette nouvelle blessure ne faisait qu’approfondir la plaie qui n’avait jamais réellement cicatrisé.

Et soudain, dans son univers blanc, à travers ses larmes, Kanaël vit une silhouette s’avancer ver lui. Une silhouette qui, malgré ses cheveux bruns, lui apparaissait éclatante de blancheur et familière. La forme s’agenouilla et le pris dans ses bras, le serrant fort contre elle

« Hi ... Hikari ? »

Et puis elle parla. Non, ce n’était pas elle, il avait été fou de pouvoir le croire, ne serait-ce qu’un instant. Elle ne pouvait pas être là, mais il avait tellement eu envie de le croire, il aurait tellement voulu que ce soit vrai. Mais cela ne serait jamais la réalité, elle ne reviendrait jamais, et Maya non plus.

« N... Luce … »

Il ne savait plus quoi penser. Il pensait ne pas pouvoir se relever, ne plus avoir la force nécessaire pour continuer. Mais elle lui avait demandé de ne pas l’abandonner. Son amie le lui avait demandé, il ne pouvait pas ne pas le faire, ce n’était pas possible, il n’avait pas le droit de la laisser … Mais pourtant …

« J’en ai assez !! Pourquoi ?! Pourquoi est-ce que je devrais résister ?! Pourquoi est-ce que je devrais faire ce que les autres attendent de moi ?! Je n’ai pas le droit, moi, d’abandonner ? de tout laisser tomber ? Je n’ai pas le droit de ne penser qu’à moi ?! Pourquoi est-ce que je devrais être fort ? Pourquoi je devrais toujours être là pour les autres ?! J’ai plus la force, j’ai plus le courage de continuer ! Tout ce que je veux, c’est rester en paix ! Je ne demande pas grand-chose, juste la paix ! Pourquoi est-ce qu’on me prend tout ce que j’ai ?! Pourquoi on ne me laisse pas tranquille ?! Pourquoi ?!! »

En disant cela, il n’avait pas bougé. Toujours dans les bras de la déesse, la tête appuyée contre son épaule, il n’avait pas cherché à rencontrer son regard. Ils n’en avaient pas besoin. S’ils devaient se comprendre, ils n’auraient pas besoin de se regarder. Seuls au milieu de nulle part, leur compréhension ne nécessiterait même pas un regard.

C’est à peine si Luce avait remarqué que Kanaël l’avait d’abord prise pour Hikari. En fait, elle ne l’avait pas remarqué du tout. Elle était tellement déconnectée du monde qu’elle aurait pu devenir sourde, elle ne s’en serait pas rendue compte. Comme si tout son corps réagissait pour la protéger de la trop grande douleur qui l’envahissait. Les plombs avaient sauté et tout se retrouvait dans le noir.

Noir.

Tout autour d’elle, elle ne voyait plus que du noir. Elle s’agrippait à Kanaël pour ne pas sombrer. Elle voulait à tout prix se raccrocher à la moindre petite parcelle de lumière qui lui restait. Ne pas tomber dans ce vide, ce froid, immense, qui s’ouvrait sous ses pieds et menaçait de l’engloutir. Oh, cela aurait été si facile de se laisser glisser, de tout abandonner, de se laisser mourir là…

Trop facile. Luce n’allait pas abandonner, pas encore. Pas maintenant. Le Destin allait pouvoir encore profiter un peu de son jouet préféré. Il n’y avait pas de toute, à force de s’amuser avec, un jour, il allait finir par briser cette petite poupée. Mais pour le moment elle tenait bon. Pour combien de temps encore ?

A ces questions répondaient d’autres questions. Mais jamais de réponse. Celui qui les cherchait devenait fou. Car il n’y en avait aucune. La jeune déesse sentait qu’elle allait finir par devenir folle alors, s’autodétruire à force d’essayer indéfiniment.

Sa voix. Son nom. Il l’appelait. Enfin peut-être… Toujours est-il que c’était la vague dont elle avait besoin pour retrouver la surface. Lutter, lutter, lutter… Encore une fois, encore une journée. Tenir, coûte que coûte, jusqu’à ce que tout ce rompe le jour où elle atteindrai sa limite. Ce jour là n’arriverait peut-être jamais, du moins, elle l’espérait.

Des questions, encore. Les mêmes qui revenaient, dans la bouche d’un autre, mais toujours sans réponse. Luce ne pu répondre immédiatement, toujours noyée dans ses larmes. Comme si toute l’eau de son corps allait se déverser au travers de ses yeux. Mais elle aurait beau pleurer, elle n’aurait jamais assez de larmes pour laver toutes leurs tristesses… Et pourtant, la jeune femme reprit peu à peu contenance au fil du discours de Kanaël.

Ses larmes s’arrêtèrent. Peu à peu, elle revoyait la lumière, retrouvait la force de se lever et d’avancer. Partager les peines les réduit de moitié il parait. En tout cas, cela lui suffisait pour les enterrer à nouveau, encore un peu.

« Je… Je ne sais pas. Personne ne le sait. Personne ne peut le savoir. Personne ne le saura jamais. »

Elle non plus n’avait pas cherché à la regarder. Quelle importance. Ils se comprenaient pour avoir vécu les mêmes épreuves, pas pour des regards. Pourtant elle se détacha pour se relever et regarder à l’horizon. Le soleil commençait à décliner, et après avoir traversé un dernier ruban de nuage, il allait disparaître derrière l’horizon.

« Tout ce que je sais, c’est que nous sommes encore en vie. Alors il ne nous reste qu’à vivre. Pour eux. Pour les morts, mais aussi pour les vivants. »

Elle le regarda, et sourit. Ses yeux étaient infiniment tristes, mais elle souriait quand même. Un sourire triste, mais un sourire quand même. Et elle lui tendit la main.

« Je vais t’aider à te relever. »

Olivia s'était rendut en direction du village. Elle avait fait la rencontre récement de sa mère biologique, et avait réussit à savoir ou était son village. Elle marchait tranquillement, sans se pressé. Se souvenant de leur dernière rencontre, Olivia avait apporté un panier dans lequel on pouvait trouvé quelques victuailles qu'elle avait put suptilisé aux cuisines. Elle monta doucement la petite colline sur laquel elle avait une vue sur la totalité du petit village. Soudainement, elle remarqua de la fumé noire et dense qui montait en tourbillon vers le ciel. Laissant tombé son paniers sur le sol, Olivia courru vers le village. Malheureusement, au somment de la colline se distinguait les personnes qui semblait être la cause de se désastre. Son bon sens lui somma de resté en arrière. De fuir, partir le plus loin possible de ces vagabons sanguinaires. Elle allait tourné les talons lorsqu'elle vit une personnes qu'elle connaissait bien : Maya, se faire trainé par une créature inhumaine vers une secondes femmes aux longs cheveux blancs.

Olivia était paralisé. Elle était trop loin pour entendre ce que se disait les femmes. Cependant, elle vit le regard supliant de sa mère, puis l'éclat d'une lame qui s'abattit sans gêne ni remord dans le cou de Maya. La lame tomba sur le sol, en même temps que Maya et qu'Olivia.

Oli voulut crié mais l'instin l'en empêcha, elle ferma les yeux pour retenirs ses larmes. Elle posa un second regard sur sa mère puis sur sa meurtière, gravant chaqu'un de ses traits dans sa mémoires avant de s'enfuir dans la direction opposée. Olivia courru et courru pendant plusieurs minutes, elle courrut le plus loin possible du village, le plus loin possible de ces meurtrié. Elle courru jusqu.a en perdre l'haleine. Elle ferma les yeux pour reprendre son souffle lorsque soudainement elle retourva à l'endroit qu'elle venait de quitté plusieurs minutes plus tôt. Comment expliqué cela ???

*Je dois devenir folle, ce n'est qu'un cauchemard*

Les meurtrié était parti, mais le village était toujours en flammes et, visiblement, il n'y avait plus aucun survivant. Olivia fixa le haut de la colline. Maya gisait là, sans vie. Olivia s'acroupit près d'elle, tachant ainsi sa robe avec le sang qui imbibait la terre.

- Maya ...

Olivia entoura de ses petits bras le cadavre. Elle accota sa tête sur son dos. Elle aurait dut entendre son coeur battre, mais il était évident qu'il ne battait plus. C'est alors qu'elle dit un mots que Maya n'avait jamais pu entendre.

- Maman ...

Oli éclata en sanglot. Elle venait de retourvé sa mère et la, elle venait de la perdre. Elle n'avait jamais eu l'occasion de lui parlé d'elle, de ce qu'elle devenait, de ses rêves. Olivia ne savait rien d'elle, sauf qu'elle était sa mère biologique. Jamais Maya n'aurait pu remplacé ses parents adoptifs, mais au moins, elles auraient puent se connaitre. Elle ne conaissait rien des meurtriés qui avait attaqué le villages. Par contre, Olivia se souvenait de celle qui tenait la dague. Jamais elle n'oublirait son visages.

Olivia se leva finalement. Elle ne pouvait pas passé la journée enlacé au corp de sa mère. Les larmes continuait de coulé sur ses joues mais elle ne les retenait plus

*Pourquoi ??? Comment ??? Comment peut-on faire de tel chose*

Ayant soudainement un excet de rage, un éclat bleuté passa sur les yeux d'Oli puis des racines épineuse commencèrent à sortir de sol. Mais Olivia ne les vit pas. Elle se dirigea plutôt vers les cendres du village. Affrontant en face la mort qui ensevlissait les lieux. Son espoir de trouvé des survivants était totalement nul. La jeune fille traversa le village puis biffurqua vers le royaumes de l'air. Elle n'avait aucune envie de retourné à ses apartements de servantes, et encore moin d'allé voir ses parents adoptifs, elle ne savait que faire. Son sourire qui illuminait constament son visage avait disparut. Son optimisme l'avait laché bêtement. Le visage de Maya et de sa meurtière hantait ses pensé. Elle n'était plus capable de réfléchir normalement. Le village disparut à l'horizon.

- Que faire maintenant ?

Olivia quitta le royaumes de la terre, la tête plein de question et d'incompréension